Petit résumé 101 sur les blessures. On peut se faire mal en se cognant (contusion), en se coupant (lacération) ou en s’étirant (entorse, élongation, déchirure). Dans tous ces cas, la douleur est causée par une force externe (accident, trauma) parfois assez violente qu’elle a su endommager nos cellules (blessure). Notre corps enclenche alors un processus de régénération visant à remplacer les cellules blessées par des cellules saines (régénération). Ultimement, les cellules blessées sont toutes remplacées et voilà nous nous proclamons guéris (guérison).
En bref, on reçoit un coup, on se blesse, on a mal, on attend un certain temps, on a plus mal et on est guéri. Tel est le raisonnement derrière la douleur qui disparaît avec le temps.
Pourtant, il y a beaucoup de gens qui attendent des années et qui ont toujours mal. Il y a aussi plusieurs d’entre eux qui ont aucune idée comment ils se sont faits mal. Douleur en se réveillant un beau matin. Douleur en regardant la TV. Douleur en se penchant pour ramasser un mouchoir.
Douleur en faisant rien du tout. Pas d’accident. Comment est-ce possible?
Aujourd’hui, je vous présente l’hypomobilité articulaire, une de ces conditions qui peuvent apparaître de nulle part et qui peuvent rester douloureuses tant et aussi longtemps que vous ne prenez pas action concrète pour le faire disparaître.
Les physiothérapeutes l’appellent hypomobilité articulaire, qui veut littéralement dire une articulation qui bouge moins bien. Dans le langage familier, c’est un joint bloqué. Les médecins utilisent le terme arthrose lorsqu’ils voient aussi de l’usure dans le joint à la radiographie, mais le joint peut être bloqué même sans arthrose/usure et même lorsqu’on ne voit rien d’anormal à la radiographie.
Moi j’aime bien appeler l’hypomobilité articulaire le syndrome du tiroir coincé.
L’articulation est ce qui connecte deux os ensemble. En fait, notre corps, de la tête aux pieds, est une chaîne d’os connectés par des articulations. C’est ce qui nous permet « d’articuler », c’est-à-dire de bouger chaque petite partie du corps, similairement aux tiroirs d’un meuble qu’on peut ouvrir et fermer grâce à des systèmes de coulisses.
Ces systèmes de coulisses ne sont pas infaillibles cependant. Occasionnellement, un tiroir s’ouvre mal ou ne s’ouvre plus parce qu’il manque d’huile dans la coulisse, ou bien parce que le tiroir est trop rempli, la pesanteur exerçant un stress excessif sur la coulisse. Il se peut aussi que la coulisse s’est légèrement désaxée après qu’une personne ait heurté le tiroir ou parce qu’une vis est devenue lousse avec le temps.
Une façon de voir si une coulisse est légèrement désaxée est de faire comme Mani dans la bande-dessinée. Dans le dessin #1 et #2, nous voyons que le tiroir est croche et il pointe vers le plancher. Pour remettre le tiroir dans l’axe, Mani soulève le tiroir (dessin #3, flèche jaune). Puis tout en gardant le tiroir soulevé, Mani est capable de fermer aisément le tiroir (dessin #4, flèche verte), prouvant simultanément que le tiroir ne se fermait pas car il était désaxé et que maintenant il se ferme car il est dans son axe.
Alternativement, si le tiroir pointait vers le plafond, Mani doit pousser le tiroir vers le plancher pour le remettre dans l’axe.
Dans tous ces cas, il est futile de faire comme Elbro qui tente de fermer le tiroir sans régler le problème d’alignement en premier (dessin #1).
Dans les dessins #2-3-4, Mani fait référence aux vertèbres du dos sur lesquelles il applique les mêmes manœuvres.
En physiothérapie, nous appelons cette technique de réalignement l’approche Mulligan. C’est une façon douce de débloquer des épaules, des genoux, des coudes, des hanches, des cous ou des dos bloqués par la douleur. C’est aussi une deuxième chance pour les gens qui croient que leurs joints sont bloqués à tout jamais par l’arthrose/l’usure. L’arthrose est certes irréversible, mais il ne faut pas tomber trop vite dans la conclusion que le blocage est uniquement dû à l’arthrose.
Donc, si vous pensez être pris avec le syndrome du tiroir coincé présentement ou un jour, pensez à voir un physiothérapeute qui pratique l’approche Mulligan!